Questions d’actu …
Le voyage de Benoit XVI en Allemagne la semaine dernière est passé presque inaperçu dans nos journaux. Comment en serait-il autrement au regard du traitement habituellement réservé à l’Eglise par nos chers médias ? Ce voyage a été l’occasion d’un certain nombre de messages forts. J’en retiens ici deux.
Dans son discours au Parlement, le Bundestag, Benoît XVI a jeté les bases d’une vraie et saine politique : « Pour une grande partie des matières à réguler juridiquement, le critère de la majorité peut être suffisant. Mais il est évident que dans les questions fondamentales du droit, où est en jeu la dignité de l’homme et de l’humanité, le principe majoritaire ne suffit pas : dans le processus de formation du droit, chaque personne qui a une responsabilité doit chercher elle-même les critères de sa propre orientation. »
Nous entrons dans le tourbillon d’une année électorale. Et Benoît XVI nous rappelle que la politique, « le plus haut degré de la charité » (selon les mots de Pie XI en 1927 !) doit être posé sur de vrais fondements éthiques, moraux, de recherches du bien commun avant même la recherche de nos simples intérêts individuels ou le suivi des sondages et des soi-disant demandes majoritaires. Nous pouvons certes critiquer l’honnêteté du monde politique … Nous pouvons certes lui être défiants, mais ne tombons pas dans la désespérance. C’est bien parce qu’elle est terre désolée et terre de mission que la politique réclame notre engagement. Et comme le disait saint Thomas More, patron des hommes politiques : « si nos choix ne peuvent servir à faire le bien, qu’ils servent au moins à diminuer l’intensité du mal » …
Deuxième point : Benoît XVI a pointé certains risques actuels de l’Eglise allemande : « derrière les structures, se trouve-t-il aussi la force spirituelle qui leur est relative, la force de la foi au Dieu vivant ? Sincèrement nous devons cependant dire qu’il y a excédent de structures par rapport à l’Esprit. J’ajoute : la vraie crise de l’Église dans le monde occidental est une crise de la foi. Si nous n’arrivons pas à un véritable renouvellement de la foi, toute la réforme structurelle demeurera inefficace. » Quel pape aurait été mieux placé que lui pour avoir une telle parole ? Nous serons toujours tentés de vouloir répondre à la crise actuelle de la foi par une modification des structures, des revendications de tous ordres sur l’institution-Église. Mais Benoit XVI a rappelé, avec courage, que le premier problème aujourd’hui était nos cœurs devenus tièdes ! La première conversion n’est donc pas d’abord du côté des institutions et des structures diocésaines, paroissiales ou je ne sais quoi d’autre. La question est bel et bien celle de notre propre tiédissement que Benoît XVI – reconnaissons-le – aurait pu dénoncer aussi en France, fille ainée de l’Eglise.