Obéissance et confiance : le vrai chemin du synode !
2 octobre, 2015   //   Par :   //   a chaud, eglise, droit canonique   //   1 commentaire   //   4591 Vues

Le synode commence ce dimanche 4 octobre par la messe solennelle d’ouverture, présidée par le Pape François : ça y est, c’est parti ! Depuis près de deux ans, le Saint-Père a mis l’Église sur ce chemin synodal.

Providentiellement, je crois, depuis dimanche dernier, une question revient fréquemment dans les évangiles de cette semaine : « de quoi discutiez-vous ? » C’est la question que Jésus pose à ses disciples, après leur avoir annoncé les combats à venir. Il venait de leur annoncer sa future passion, son rejet du peuple, et leurs persécutions possibles. Il venait aussi de leur annoncer sa victoire sur la mort et les exhortait à la confiance !

Et non … « de quoi discutiez-vous en chemin ? » (Mc 9, 33) Ils discutaient de savoir qui serait le plus grand. Cette discussion, je vous l’avoue, me fait penser à un bon nombre de réactions sur les réseaux sociaux et dans quelques médias, ces derniers temps. On compte les points, on regarde et on scrute les forces en vigueur dans les soi-disant « camps » qui s’affronteraient au synode.

Et que nous dit le Pape François, profondément ? Il annonce ce même combat ; il nous exhorte à la même confiance et au même engagement :

« Combien (la famille) demeure digne de notre soutien et de notre encouragement ! Cependant, je ne peux cacher ma préoccupation pour la famille, qui est menacée, peut-être comme jamais auparavant, de l’intérieur comme de l’extérieur.
Les relations fondamentales sont en train d’être remises en cause, comme l’est la base même du mariage et de la famille. Je peux seulement rappeler l’importance et, par-dessus tout, la richesse et la beauté de la vie familiale. » (Pape François, Discours devant le Congrès des États-Unis, le 24 septembre dernier).

Comme le Christ, le Pape ne cesse de nous rappeler les choses essentielles, importantes, capitales, pour la vie du monde. Il nous exhorte à prendre notre part et à relever les manches. On m’a beaucoup interrogé sur la réforme des nullités de mariage que le Pape a initié par un Motu proprio début septembre. A chaque fois, je souligne que le Saint-Père, loin d’inventer je ne sais quel subterfuge pour contourner les pères synodaux, nous met d’abord face à nos responsabilités, comme je le soulignais encore récemment : « le pape François lui-même, dans le texte de son Motu proprio, a pointé le risque de « laxisme » et de « fragilisation de l’indissolubilité du mariage » si la réforme n’était pas bien appliquée ! Le risque d’une certaine fragilisation est donc réel et le pape en a bien conscience. Maintenant, en le désignant clairement, cela signifie que le pape François nous met, tous, devant notre responsabilité, qui est celle de l’Église. La souffrance des personnes divorcées et / divorcées remariées ne s’allègera pas d’abord par un allègement des procédures. Le pape renvoie cette question à la pastorale familiale qui doit se charger d’accompagner les couples en souffrance, en amont, mais aussi en aval d’une telle procédure. Rendre plus proche la justice – c’est la volonté du pape et il l’exprime très bien, là aussi, dans l’avion du retour des États-Unis – n’est d’abord une question de géographie ou de simplification, mais une question d’accompagnement. Et d’ailleurs, le Saint-Père fait très bien le lien entre préparation au mariage et procédure de nullité : ce sont les mêmes compétences et le même accompagnement de charité qui doit s’exprimer ».

Et non … « de quoi discutiez-vous en chemin ? » Oui, de quoi discutons-nous en chemin, face à des défis si grands ? Nous avons l’art de nous disputer pour savoir qui est le plus grand, celui d’un camp, ou celui d’un autre, celui du nôtre ou celui d’en face … C’est exactement le contraire de ce que disait Jésus ; et c’est le contraire de ce que nous dit le Pape : les défis sont trop grands pour que nous perdions notre temps à cela. Que chercherons-nous en ces jours synodaux ? Qui chercherons-nous ? Entendrons-nous le Christ nous rappeler que « celui qui veut devenir grand, qu’il se fasse petit, qu’il se fasse le serviteur de tous » ? Sans être naïf – tout homme a ses faiblesses – je crois que notre Pape et nos évêques, les pères synodaux, seront là d’abord pour rechercher le Royaume, pour se mettre à l’écoute du Christ et pour se faire serviteur de leurs frères en humanité.

Et si nous abordions ce synode, non pas avec la volonté de compter les points, mais en nous laissant convertir, comme le Pape le demande ? Il avait déjà exhorté les familles à Manille en janvier dernier : s’appuyant sur l’enseignement de Jean-Paul II (Familiaris Consortio, n°85), le pape ne cesse de rappeler que l’avenir de l’humanité passe par la famille :

« Protégez vos familles ! s’est-il exclamé. Voyez en elles le plus grand trésor de votre nation et nourrissez-les toujours de la prière et de la grâce des sacrements. Les familles auront toujours leurs épreuves, elles n’ont pas besoin qu’on leur en rajoute d’autres ! Au contraire, soyez des exemples d’amour, de pardon et d’attention. Soyez des sanctuaires de respect pour la vie, en proclamant la sacralité de chaque vie humaine depuis la conception jusqu’à la mort naturelle. » (Pape François, Manille, 15 janvier 2015).

Jésus nous le rappelle : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. » Il nous enseigne le vrai chemin, celui d’une école de l’humilité. S’il est le Maître, nous sommes ses disciples ; humblement, comme les pères synodaux, mettons-nous à l’école du Christ en cette marche synodale. Le disciple est celui qui se laisse enseigner par son maître, qui l’écoute, qui lui fait confiance, qui lui obéit. N’y a-t-il pas, trop souvent, en nous des réactions nous placent au-dessus du Maître ? au-dessus du Christ, mais aussi au-dessus de Son Vicaire ? La première conversion à laquelle le synode nous appellera est peut-être bien celle-là : accueillir dans la confiance et l’obéissance ce que nos pasteurs nous diront. Le Pape est le garant de l’unité de l’Église : il nous revient de ne pas donner prise aux divisions que d’aucuns voudront voir apparaître.

Obéissance et confiance seront donc les maîtres mots, pour nous, « petit troupeau », que le Christ veut enseigner à travers ce chemin du synode. Cela ne veut pas dire que cela ne tanguera pas. Mais cela veut juste dire que si nous demeurons dans l’obéissance, alors nous demeurerons dans la vérité du Christ : tous les saints nous l’enseignent !

P. Cédric Burgun +

 

1 commentaire pour “Obéissance et confiance : le vrai chemin du synode !”
  • Marie Madeleine Saget
    2 octobre 2015 -

    Ne pourrait-on pas revoir le sacremet de marriage et le calquer sur les engagements des religieuses. Un temps de probation puis des vœux définitifs