Le « sacrement » du frère
Dans l’évangile de ce dimanche, nous réentendons le commandement de l’amour. Passage tant de fois déclamé, récité, proclamé. Il peut avoir un goût de « déjà vu » si nous n’y prenons pas garde. Mais sur le chemin de l’amour, nous n’aurons jamais fini d’avancer !
L’amour auquel le Christ lui-même invite le chrétien est exigeant et l’entraîne toujours plus loin. « Aimez-vous les uns les autres » (Jn 13,35) est un commandement divin qui pousse le baptisé à franchir toutes les barrières de ses habitudes et de ses peurs pour aimer véritablement et pleinement ses frères : aimer d’un amour sincère et pur, comme s’ils étaient de sa propre chair, comme s’ils étaient lui-même : « Aime ton prochain comme toi-même » lui dit la Loi.
Et si l’on accepte de pousser un peu plus loin cette logique chrétienne, on voit que l’amour fraternel devient en Jésus Christ comme une « condition » du salut : « Celui qui aime son frère demeure dans la lumière. » (1 Jn 2,10). En effet, comment le baptisé peut-il vouloir vivre dans la lumière du Christ, sans aimer les frères que lui-même lui a donné ? Vivre avec le Christ, c’est aimer ses frères, et jusqu’à leur donner sa vie : « Nous devons donner notre vie pour nos frères » (1 Jn 3,16).
C’est ainsi que le frère aimant et aimé devient en quelques sortes « un sacrement » de l’Amour, c’est-à-dire le signe et moyen de l’action de Dieu : signe parce qu’à travers celui qui donne sa vie, nous voyons Dieu présent au milieu des hommes ; et moyen parce qu’à travers l’action de mon frère, au travers de la charité qui l’anime, c’est Dieu qui agit en notre monde pour le bien des hommes : ce même Dieu qui agit pour moi et qui vient à ma rencontre par les frères.